Equipe de Suisse: entre joie et inquiétude Image © Keystone
Quatre points. Juste quatre points. Voilà la mission que doit accomplir l'équipe de Suisse pour valider son billet sans escale pour la Coupe du monde 2010. Avec, au menu, un déplacement revanchard au Luxembourg le 10 octobre et la réception d'Israël à Bâle quatre jours plus tard. Si près de l'Afrique du Sud, la sélection d'Ottmar Hitzfeld n'a toutefois jamais paru en être si éloignée. Retour sur le paradoxe helvétique.
le 10 septembre 2009, 16h47
LeMatin.ch & les agences
0 commentairesLes mines ne sont pas réjouies, au sortir du Skonto Stadion de Riga, après le nul arraché contre la Lettonie. Le sélectionneur ne s'y trompe d'ailleurs pas. "La meilleure nouvelle de la soirée est venue de Moldavie", glisse-t-il en faisant référence à la très bonne idée qu'a eu la Grèce de ne prendre qu'un seul point à Chisinau. Une victoire au Luxembourg, et un nul suffira face à Israël. Une victoire au Luxembourg et, si Grecs et Lettons - qui s'affronteront au même moment - ne se départagent pas, la qualification sera acquise avant même la dernière rencontre.
Peu d'argumentsTout cela, la délégation helvétique le sait bien. C'est pourquoi la satisfaction prime après son succès de samedi et ce 2-2 au Skonto Stadion. Deuxième et virtuelle barragiste avant cette dizaine, la Suisse est devenue leader et en position de force pour terminer en tête du groupe.
La satisfaction prime, certes, mais ne fleurit pas, ne s'épanouit pas. Comment le pourrait-elle ? Oui, les résultats furent au rendez-vous. Mais que dire de la manière ? Que dire de l'indigence de la prestation, de la misère créative, du dénuement d'inventivité ? "C'est clair, il nous manque des idées sur le terrain", reconnaît honnêtement Michel Pont. Soucieux de ne pas trop enfoncer ses ouailles, Hitzfeld préfère, lui, relever les quelques points positifs, sans toutefois pouvoir éluder toutes les difficultés criardes de son équipe.
L'Allemand, meilleur atout du football helvétique dans sa quête mondiale, parle alors de "manque de précision" ou encore de "problèmes techniques". Plus généraliste, Pont estime que la Suisse a besoin "de plus de niveau un peu partout", et surtout au moment de faire le jeu, de trouver des espaces, de forcer des décalages. Ses joueurs de couloirs contenus, bloqués, la Suisse n'a presque plus aucun argument solide à faire valoir.
Pas rigideDu moins aussi longtemps qu'Inler est indisponible. Aussi longtemps que Dzemaili, récemment prêté à Parme, ne retrouve pas temps de jeu et rendement. Aussi longtemps que Margairaz n'est qu'à 80 % du potentiel qui était le sien avant son départ en Espagne. Aussi longtemps, peut-être, que le sélectionneur privilégie un système à deux demis récupérateurs.
"Hitzfeld n'est pas rigide, précise Pont. S'il sent qu'il doit changer quelques chose, il le fera. Mais c'est un éternel problème en équipe nationale. Nous voyons les joueurs tellement peu souvent que, si l'on change quelque chose à chaque rassemblement, on perd la base solide que l'on essaie de construire."
"Facture ouverte"
Alors, il ne reste presque plus à la Suisse qu'à espérer un retour aux affaires des locomotives du groupe citées plus haut. Et aussi des retrouvailles avec les terrains pour Senderos et Djourou, d'autant que Grichting sera suspendu au prochain match et que les solutions non seulement ne se bousculent pas, mais surtout ne sont pas forcément mieux loties - blessures ou difficultés en club - que les deux Genevois (Eggimann, Ferati, Barmettler ou encore les M21 Rossini, Affolter et Djuric).
Certes, l'arrière-garde helvétique ne devrait logiquement pas être trop sollicitée lors de sa prochaine sortie. Enfin, "la facture ouverte avec le Luxembourg" (dixit Pont) saigne toujours, dans l'orgueil blessé et humilié de la nation, et rappelle à tous que, quand elle est favorite et doit dicter sa loi, la Suisse peut se montrer fort empruntée.